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Les imprimantes 3D viennent à la rescousse des hôpitaux

Les imprimantes 3D viennent à la rescousse des hôpitaux

Image :

(c) Stéphane Watré

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Par Benjamin Bruel

Publié le

Des initiatives locales émergent en France pour pallier la pénurie de certains équipements comme les masques et visières.

Des groupes de particuliers et professionnels, équipés en imprimantes 3D, éclosent partout à travers le pays pour mettre leurs compétences et machines en marche. Des initiatives locales, informelles et bénévoles, qui cherchent à se coordonner pour répondre aux besoins urgents des hôpitaux et de certains corps de métiers en matière de masques, visières de protection ou réparation de matériel.

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Plusieurs groupes se sont constitués de manière éparse sur Facebook, WhatsApp et LinkedIn. Une liste pour regrouper les professionnels prêts à mettre leur force de production en commun a même réuni près de 150 entreprises en à peine trois jours.

Mettre la main dans l’imprimante

“Je me suis dit qu’il fallait qu’on se bouge, résume Stéphane Watré en une phrase. Notre activité a quasiment cessé depuis quelques semaines. On est équipés d’une vingtaine d’imprimantes 3D qui ne tournent quasiment plus. J’ai cherché ce qu’on pouvait faire pour les utiliser et répondre aux besoins urgents.”

La semaine dernière, ce patron d’un service d’impression 3D en Seine-Maritime, nommé Accante, lit un article racontant comment un entrepreneur italien a créé des valves de respirateurs en 3D pour un hôpital de sa ville. Dans le même temps, sur Facebook, il découvre l’appel de Nicolas Lomprez – depuis partagé plus d’un millier de fois. Celui-ci propose à tous les propriétaires d’imprimante de créer des masques de protection en 3D pour répondre à la pénurie.

Les deux hommes, installés à une quinzaine de kilomètres l’un de l’autre, commencent à échanger. Le masque que propose d’imprimer Nicolas Lomprez vient d’un modèle mis en ligne sur Thingiverse, une énorme base de données internationale pour tous les makers. Il n’est pas homologué : c’est une armature de masque, à laquelle il faut ajouter un filtre.

(© Thingiverse/Capture d’écran)

Mais alors que la pénurie frappe le pays, l’idée est de produire rapidement un objet de dépannage pour tout le personnel non prioritaire, quitte à devoir y ajouter un filtre fait maison. “C’est pour les employés de mairie, les caissiers ou la police, entre autres, qui n’auront pas du tout accès à des masques dans les semaines à venir”, explique par téléphone Stéphane Watré, conscient des limites sanitaires du produit, qui s’imprime en sept heures l’unité pour quelques euros seulement.

© Stéphane Watré

Plus de 150 entreprises prêtes à aider partout en France

Une politique du “mieux que rien”, en somme, défendue par certains spécialistes, critiquée par d’autres, mais qui a le mérite de rencontrer un succès franc dans l’environnement immédiat de l’entrepreneur : plus de 80 masques ont été distribués depuis vendredi et Stéphane Watré a dû créer une liste d’attente pour les prochains.

Mehdi Sellami, propriétaire de 3D Morphoz, du côté de Reims, a abandonné très rapidement la conception de masques après quelques essais. “Pas les meilleurs objets à imprimer, tant en termes de normes que de qualité propre”, explique-t-il.

Sur LinkedIn, il participe à la création d’un groupe d’échange entre imprimeurs 3D avant de prendre contact avec le CHU de Reims pour savoir ce dont ils ont besoin. “Les demandes qui émergent, partout en France, sont sur des lunettes ou boucliers de protection. Des sortes de visières de protection avec un film plexiglass ou plastique, contre les postillons et projections des patients”, explique-t-il, qu’il est en mesure de produire en 3D.

Au moment où nous l’appelons, il se rend au CHU pour présenter la deuxième version de son prototype au corps médical. “C’est un produit à usage unique. Le problème avec les masques, comme ça l’est avec les valves de respirateurs, c’est le niveau de norme. Faisable pour les professionnels, mais compliqué. Maintenant, on doit communiquer avec les responsables médicaux pour savoir à quels autres besoins nous pourrions éventuellement répondre”, continue Mehdi Sellami.

Le groupe LinkedIn commence à s’organiser. Au départ constitué de quelques entreprises de Champagne-Ardenne, il s’étend à une quarantaine en quelques jours. Ils ont créé même un fichier où tous les professionnels en impression 3D peuvent se réunir pour proposer de participer à l’effort commun. Trois jours après la création du fichier, ce document que nous avons pu consulter réunit près de 150 entreprises partout dans le pays. On y retrouve pléthore d’entreprises répertoriant le matériel et les équipements à disposition.

En plus des valves, visières et potentiellement des masques, l’impression 3D pourrait permettre de réparer les équipements en plastique et certains en métaux comme l’acier ou le cuivre. “L’idée, c’est de se coordonner. On va essayer de régionaliser la production, d’avoir un système local qui est en relation avec les hôpitaux pour centraliser les livraisons”, continue Mehdi Sellami.

Coordonner les efforts, répondre à des demandes véritablement utiles et dépasser le stade du DYI à la maison : c’est tout le challenge du monde de l’impression 3D en cette période.